mercredi 9 mai 2012

Dans le cochon, tout est bon (surtout là)

Alan Moore est un génie.

Oh oui, je sais bien que ce terme est quelque peu galvaudé, que de nos jours tout est génial pour peu que ça s’élève un brin du purin environnant, mais là, pour le coup, c’est vraiment le cas pour de vrai de bon. Il y a Watchmen, oui. Chef d’œuvre absolu s’il en est (oh tiens, un autre terme galvaudé. Personnellement, j’aime beaucoup dire d’une œuvre que c’est la plus grande œuvre de tous les temps, et en changer le nom régulièrement, juste comme ça, pour appuyer mon propos. C’est pas très crédible, mais c’est rhétoriquement efficace, parfois). From hell aussi est plutôt pas mal du tout. Et avant de faire toute sa bibliographie (lisez Top 10), faisons un court résumé : Alan Moore il sait faire des choses que personne d’autre il arrive à même effleurer. C’est donc un génie. C’est comme ça, c’est rageant, d’autant plus qu’il a une grande barbe et des yeux de fous et plus de cheveux que je n’en aurai jamais, mais il faut apprendre à vivre avec.

Et donc là, il se dit qu’il va s’attaquer à la pornographie. Il y met beaucoup de cœur et de temps (16 années) et ressort de ces longues sessions en compagnie de celle qui deviendra sa femme (le porno, ça rapproche, surtout quand on est enfermés) avec un objet étonnant en trois parties, objet superbe à la hauteur du projet.
Trois parties, une par gonzesse : Dorothy (Le magicien d’oz du Kansas de click your heels there’s no place like home), Wendy (Peter Pan, the lost boys, Kensington) et Alice (L’autre côté du miroir, la drogue, les lapins) se retrouvent dans un hôtel, en Autriche, à la veille de la première guerre mondiale. Elles sont plus âgées que dans leurs contes respectifs et vont se raconter leurs histoires grivoisement cochonnes passées, toutes empruntées à leur univers littéraire d’origine, et pourquoi pas s’en créer de nouvelles. Après tout, les temps changent, l’Autriche sursaute, c’est pas le moment de perdre son temps, autant expérimenter.
Dans cet univers très art nouveau (Schiele, Micha, Klimt etc.), tout y passe niveau sexualité. Oh certes, il faut avoir l’esprit suffisamment ouvert pour ne pas arquer du sourcil lorsque les deux frères de Wendy se masturbent mutuellement face à leur sœur qui se fait prendre par Peter Pan, mais après tout, pourquoi pas. Et puis c’est pas tous les jours que je peux dire à mes clientes (je le présente plutôt aux femmes, qui ont une sensibilité très art nouveau elles aussi et qui ont bien compris qu’il pouvait y avoir de l’art, dans la pornographie, et qu’en Bd on pouvait en explorer les recoins un peu plus loin qu’un vague ersatz de film de cul mal dégrossi et surtout peu inspiré), pas tous les jours, donc, que je peux leur dire que oh, et là y’a aussi un sexe de cheval, mais ne vous en faites pas. C’est une phrase que je n’ai jamais pu caser hors de ce contexte.

Rien que pour ça, Filles Perdues mérite le détour. Même si c’est un détour qui fait parfois un peu rougir dans le bas du ventre, mais c’est uniquement parce que le cerveau est brossé dans le bon sens du poil.

4 commentaires:

  1. Ouiiii ! \o/
    Ca fait un moment que j'ai l'intention de l'acheter mais je n'ai jamais sauté le pas.
    Maintenant que le dieu libraire a donné son accord, je vais me faire un plaisir de le commander. Et en VO s'il vous plait, pour être sûr de ne perdre aucune goutte (d'encre) de ce génie.

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  2. Bon alors si y'a un sexe de cheval, j'achète aussi évidemment.

    une femme

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  3. Intéressant. La prochaine fois que je passe par chez vous, j'essaierai de trouver le courage de le demander. :D

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