jeudi 12 avril 2012

Pour qu'un jour il reste des pastèques

Non mais de toute façon, un livre qui commence en citant du Brautigan ne peut qu’être indispensable. Futurs écrivains déjà frustrés, notez ce conseil, il vaut de l’or. Ce qui me fait penser qu’il faudrait aussi que je songe à parler de Big Foot, de Dumontheuil, mais si vous le permettez, on va y aller chaque chose en son temps d’un pas devant l’autre.
Squarzoni, puisque c’est de lui dont il s’agit ici, n’est pas comme vous et moi : il n’aime pas parler de ce dont il ne connaît rien. Je suis d’ailleurs souvent agacé par ceux qui alpaguent leur TV pendant les infos en déblatérant des généralités ineptes sur des sujets  qu’ils ne sauraient prendre par le moindre petit bout de quoi que ce soit. Il faut dire que je suis facilement agaçable, mais comme je suis de nature plutôt joyeusement inerte (oui je sais, ça fait rêver), je laisse couler, après tout je suis qui pour juger, hein, et puis si les gens veulent gueuler pendant les infos, c’est leur droit, au moins pendant ce temps là ils gueulent pas ailleurs.
Squarzoni, puisque c’est toujours de lui dont il s’agit, est un militant. Ça s’est un peu vu dans ses précédents ouvrages (tous bientôt réédités chez Delcourt, je vous invite à foncer dessus les bras ouverts, surtout sur Dol, surtout en cette période), mais au moins il y va intelligemment, avec respect et force arguments, tout en restant passionnant dans sa didactique.  Ce qui est assez amusant avec Dol, c’est qu’il faut y aller avec des pincettes quand on le conseille, tellement il est connoté politiquement (même si tout point de vue est intéressant pour peu qu’il soit argumenté). Et j’ai cru comprendre qu’il valait mieux éviter des sujets tels que la politique, la religion et la place des loutres dans le processus électoral sous peine d’aliénation d’une partie de sa clientèle pas très d’accord avec moi (les fous) et de malaise général difficile à rattraper (‘mais enfin, évidemment qu’on ferait mieux de leur tanner la peau pour les empêcher de voter’).
Squarzoni, ne le perdons pas de vue, s’est retrouvé coincé sur la question du climat lorsqu’il écrivait Dol (qui retrace le dernier quinquennat de Chirac), alors même qu’il sentait bien qu’il mettait le doigt sur quelque chose d’intéressant. Il mettait notamment ce doigt sur tous ces ptits vieux qui n’ont pas survécu à la canicule de 2004, se demandant si c’était pas le début du réchauffement climatique inéluctable qu’on va tous mourir de chaud. Je sais surtout que moi, cet été là, j’ai voulu me rafraîchir dans ma piscine trois boudins, mais que l’eau était trop chaude, que j’avais l’impression d’être dans un bain alors même que j’étais pas d’humeur mousse, que je voulais simplement sentir la fraîcheur de l’eau couler le long de mes cuisses. J’ai pas toujours eu une vie facile.

Squarzoni, donc, a mené son enquête. Ça lui a pris 6 ans. Et c’est pas un feignant, Squarzoni, il a pas mis 6 ans entre deux vacances au ski avec son 4x4. Il a fait beaucoup d’interviews, beaucoup de recherches, compacté de nombreuses informations, et mis tout ça en dessins. Et un dessin des plus agréables qui colle pile poil au genre documentaire agréable en bande dessinée. C’est par définition très dense, jamais barbant, jamais scolaire, surtout pas prétentieux (au contraire), et on en ressort complètement tourbillonné par tant d’informations pas toujours très optimistes, avec un constat en forme de sonnette d’alarme. Je ne sais pas si ça lui vaudra un Oscar et le Prix Nobel de la paix à lui aussi, mais en tout cas j’applaudis de mes deux palmes et retourne vers la banquise tant qu’il en reste.

2 commentaires:

  1. Cool ! Ca donne envie.

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  2. Parceque les loutres ont une place dans le processus électoral?
    Trêve de plaisanterie , je vais de ce pas penser à l'intégrer dans la liste de mes prochaines acquisitions... parceque ça à pas l'air si mal que ça!

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